Pourquoi acheter en vrac ?

Pourquoi acheter en vrac ?

Les bocaux en verre de noix, de fruits secs, de céréales et les flacons de shampoing commencent à apparaître dans les rues commerçantes où ils n’existaient pas auparavant, et même vos supermarchés commencent à en garnir leurs rayons. Cependant, de nombreux facteurs doivent être examinés lorsqu’on aborde la question de la durabilité. Examinons donc l’émergence des magasins de vrac : s’agit-il d’une nouvelle façon de faire ses courses ?

Qu’est-ce qu’une boutique de vrac ?

Les magasins de vrac sont de petites boutiques indépendantes qui vendent des aliments non emballés et demandent aux clients soit d’acheter des contenants réutilisables et consignés, soit de fournir leurs propres récipients ; la plupart du temps, ils vendent des produits secs comme des pâtes, du riz, de l’avoine, des épices, des noix, des céréales et des huiles, mais ils vendent aussi occasionnellement des légumes produits localement et souvent bio. Ils peuvent également vendre une variété d’autres articles respectueux de l’environnement, tels que des produits de nettoyage rechargeables, des savons et des articles ménagers.

Ce type d’achat est de plus en plus populaire. Selon Business France, en 2020, en France le marché du vrac a pesé 1,3 milliard d’€ de CA. Pour acheter en vrac, les consommateurs français se tournent principalement vers les grandes et moyennes surfaces (57%) et les magasins bio (43%) Parce qu’ils ressemblent aux épiceries de quartier traditionnelles, Greenpeace surnomme cette nouvelle méthode d’achat « l’ancien nouveau ». N’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps, avant les années 1950, il était mal vu de gaspiller quoi que ce soit. On mangeait ce qu’on pouvait se permettre et on réparait ce qu’on possédait pour le commun des mortels. Toutefois, contrairement à ce qui se passait autrefois, les médias sociaux semblent être essentiels pour que les magasins de vrac puissent atteindre et accroître leur clientèle.

Ces petits commerces indépendants, malgré leur taille, ont beaucoup d’influence. Les supermarchés ont été contraints de s’adapter en raison de leur croissance. Carrefour propose par exemple dans ces supérettes des présentoirs pour se servir de fruits secs et de céréales en vrac dans des sachets en papier kraft. Dans les hypermarchés de cette enseigne, une gamme plus large est proposée dans ses stations de remplissage : pâtes, riz…

Ces commerces semblent être idéaux en principe. Mais derrière l’image, que se passe-t-il exactement ?

Quel pourcentage de déchets éliminent-ils ?

Selon une publication de mai 2021 du Ministère de l’écologie, les emballages en plastique représentent 2,2 millions de tonnes mis sur le marché en France chaque année ! Nous avons tous ramené des produits à la maison en nous demandant pourquoi il y avait trois pochettes en plastique. Par conséquent, les magasins de vrac sont un moyen de réduire le volume de détritus, sauvant ainsi nos animaux et la vie marine.

L’un des principaux arguments en faveur des achats sans déchets est qu’ils réduisent le coût environnemental global de la production de plastique à usage unique. Mais, comme dans le cas de la discussion sur les tasses à café réutilisables ou jetables, il est important de considérer ce que vous utilisez à la place du plastique à usage unique et à quelle fréquence vous l’utilisez. Pour bénéficier des avantages environnementaux liés à l’utilisation d’un tupperware pour se réapprovisionner au lieu d’un emballage plastique, vous devez utiliser ce tupperware fréquemment.

« Remplacer un emballage en plastique à usage unique par un tupperware signifie que vous avez peut-être dix fois plus de matériaux. Il faut donc le réutiliser 10, 20 ou 100 fois avant qu’il ne devienne une meilleure solution en termes de consommation de matériaux », a déclaré Simon Aumônier, associé principal chez Environmental Resources Management (ERM), au magazine Wired.

Les boîtes et bocaux en verre et en métal, ainsi que les bouteilles réutilisables, sont durables une fois fabriqués (s’ils sont utilisés fréquemment), mais leurs processus de fabrication et de transport émettent des émissions importantes. Vous devez donc évaluer l’ensemble du processus de production lorsque vous envisagez des solutions durables.

Est-ce plus simple de faire ses courses en vrac ?

Les supermarchés sont pratiques, et il n’y a pas de honte à admettre que l’achat durable n’est pas toujours notre principale préoccupation. De nombreuses familles préfèrent faire leurs courses en une seule fois une ou deux fois par mois plutôt qu’une fois par semaine. Le développement durable n’est pas applicable de façon unique ; il doit être adapté au mode de consommation de chaque individu. Même si vous êtes prompt à rejeter les légumes enrobés de plastique, si vous avez besoin que ces légumes durent, il vaut mieux en acheter emballés (car ils durent plus longtemps) que des légumes sans plastique, qui risquent de se gâter avant que vous puissiez les consommer, ce qui entraîne des déchets.

Par conséquent, les magasins de vrac se concentrent sur les articles secs comme les pâtes, les amandes et les fruits secs, qui se conservent plus longtemps et produisent moins de déchets. Se passer de plastique peut être plus adapté et durable si vous avez le temps de faire vos courses tous les jours ou au moins plusieurs fois par semaine.

Il convient également de noter que l’emballage ne sert pas uniquement à protéger vos aliments. Il comporte des dates limites de consommation et des informations nutritionnelles. Pour ceux d’entre nous qui souffrent d’allergies ou qui veulent savoir quelles substances ils mettent dans leur corps, il peut être long de faire des recherches ou de demander ces informations au propriétaire du magasin.

Il existe d’autres emballages à usage unique, mais même les sacs plastiques biodégradables ne sont pas totalement écologiques : leur fabrication nécessite des combustibles fossiles et, malgré l’étiquette, ils ne se décomposent pas toujours en raison du manque d’infrastructures. Même si votre tasse à café indique qu’elle est biodégradable, cela ne signifie pas toujours qu’elle se décomposera de manière organique dans votre tas de jardin, mais plutôt qu’elle se compostera dans une installation de compostage industriel (avec l’équipement adéquat).

Faites vos courses dans un commerce de quartier

Soutenir les entreprises locales est plus durable pour l’environnement ainsi que plus citoyen pour votre communauté. Vos moyens de transport doivent aussi être interrogés. Vous vous en sortez bien si vous allez à pied jusqu’à votre magasin de vrac local avec votre petit sac, mais si vous devez faire des heures de route pour atteindre le magasin le plus proche, le coût du transport peut annuler tous les avantages de ce que vous achetez. Il est essentiel de prendre en compte l’ensemble du processus, et pas seulement le produit final.

Les boutiques de recharge sont souvent petites et bien implantées localement, et mettent l’accent sur les produits locaux (en général issus d’un rayon de moins de 50 kilomètres), ce qui présente plusieurs avantages. Acheter pratiquement directement à la source permet de réduire les émissions de carbone générées par le processus de transport. En outre, comme les aliments produits localement sont souvent saisonniers, il n’est pas nécessaire de les emballer. Bien que certains prétendent qu’un régime végétarien est plus sain pour l’environnement, si vous consommez de la viande, une boucherie ou une ferme locale proposera généralement des aliments de meilleure qualité et sera en mesure de vous dire si les animaux ont été élevés de manière responsable.

Un autre facteur à prendre en compte est que les promotions sont moins susceptibles d’être utilisées dans les petits commerces de vrac. Les supermarchés sont connus pour faire passer le profit avant tout, et leur échelle leur permet d’offrir de nombreux prix réduits sur leurs produits. Ils utilisent également des stratégies de vente créatives, telles que les offres « 1 +1 = 3 », pour convaincre les gens d’acheter des objets dont ils n’ont pas besoin. Les magasins de vrac ne partagent ni cette capacité, ni ce souhait. Le consommateur peut y acheter chaque produit en quantité voulue : fini le gâchis !

La caractéristique la plus importante de l’achat dans les boutiques de vrac et de « zéro déchet » est qu’il nous encourage à réfléchir à nos habitudes d’achat. Ils nous amènent à faire une pause et à réfléchir à la manière dont nous pouvons apporter des améliorations bénéfiques à l’environnement.

L’achat en vrac est-il plus cher ?

Bien que les médias sociaux soient un excellent outil pour atteindre un large public, ils peuvent également constituer un inconvénient. Un mode de vie zéro déchet est souvent considéré comme un luxe, et il est facile de le croire après un rapide défilement sur Instagram : il y a beaucoup de photos dignes de Pinterest de magnifiques garde-manger en bois remplis de bocaux en verre et d’articles réutilisables, créant une fausse idée d’un mode de vie zéro déchet qui est loin du quotidien pour la plupart des gens.

Cela dépend ! De nombreux articles semblent coûteux à première vue, mais lorsque vous considérez la fréquence d’utilisation de ce produit, il devient une économie. Par exemple, un lot de cotons pour se démaquiller réutilisables en bambou peut coûter 20€, alors que des cotons jetables en coton reviennent à 1,5€ le sachet au supermarché local ; à long terme, les cotons démaquillants en bambou vous feront économiser de l’argent.

Une journaliste a choisi de faire ses courses sans déchet pendant un mois pour comparer la qualité et le prix de ses achats habituels au supermarché. Elle a découvert qu’acheter sans déchet était deux fois plus cher que de faire ses courses chez Lidl, mais que la qualité n’était « tout simplement pas égale aux articles de supermarché ». Elle a également découvert que les vendeurs du magasin de vrac étaient ravis de remplir votre sac de commission de produits bio dans des contenants ou des emballages en cire d’abeille, réduisant ainsi les déchets.

Dans l’ensemble, elle a découvert que la différence de prix était dû au fait que beaucoup de produits proposés dans les magasins de vrac étaient biologiques ou simplement meilleurs que les aliments conventionnels du supermarché. De plus, les boutiques de vrac vendent en quantités bien moindres que les hypermarchés donc ne bénéficient pas d’économie d’échelle.

Prendre des mesures à la fois réalistes et accessibles pour vous

Les boutiques de vrac sont-ils donc la prochaine option d’achat écologique ? Il ne s’agit pas d’une simple question de oui ou de non. Si les établissements de recharge présentent de nombreux avantages, ils ne conviennent pas à tout le monde.

Si vous avez la possibilité de faire vos courses à proximité dans des commerces de vrac indépendants, vous devriez le faire. Il n’est pas nécessaire de le faire tout le temps, mais opter pour des recharges chaque fois que c’est possible se révèle utile. Mais, par-dessus tout, il s’agit de changer votre façon de penser et de faire des recherches. Plutôt que de prendre la durabilité pour argent comptant, pensez à la situation dans son ensemble : lorsque vous achetez quelque chose, pensez à sa durée de vie. Comment s’est déroulé le processus de fabrication ? Enfin, nous voulons que tout le monde ait un accès égal aux achats zéro déchet, les commerçants doivent donc s’adapter et ajuster leurs techniques pour que tout le monde puisse se les offrir et les utiliser.